
Ce n’était pas un jour mais plutôt une nuit.
Une de ces nuits où je n’en attendais en soit que peu de choses : une errance de bars en bars au rythme d’une musique pop décolorée, de bières tirées à la va-vite et de rires teintés de faux-semblants.
Ces sourires comme des éclats de verre, ces mains serrées, ces bises accolées sur les joues de parfaits inconnus dont je ne me souvenais pas du prénom le lendemain. Je faisais semblant, comme toujours. Semblant d’être à ma place, épanouie, à l’aise, ma verve et mon humour en fer de lance.
La solitude rodait. Perchée sur mon épaule, elle n’attendait qu’un relâchement pour plonger dans ma cage thoracique, se nicher sur mon coeur et expirer sa tristesse grisâtre.
Il pleuvait et l’obscurité du ciel se conjuguait aux gouttes, rendant le velours de la nuit scintillant.
J’observais. Je ne disais mot et me contentais de sourire toute en retenue, ma bière à la main, mes jambes allongées sur le sol.
Puis il est rentré.
Pluie, larmes, je ne sus identifier la nature de l’eau qui ruisselait sur ses joues. Il riait. Fort. Si fort que j’en eus un mouvement de recul. De la joie émanait de chacun de ses gestes, doublée d’une jolie sensibilité où éclatait une tristesse. Une douleur restait perceptible, cachée dans l’ombre de son sourire.
D’autres auraient décrit cela comme du charme, du chien, de la gouaille mais c’était de la tristesse. On reconnaît chez les autres les émotions que l’on se dissimule à soi-même à demi-mot.
Je l’observai, une bonne partie de cette nuit, pour en arriver à la conclusion suivante : vivant.
Il était trop vivant.
Trop vivant sous mes doigts, dans les plis des draps, dans sa gaité, dans sa manière de laisser ses mains courir le long de mon dos, dans sa moue apaisée en écoutant la pluie tomber.
Pluie qui nous berçâmes de sa mélodie jusqu’à notre réveil où, les jambes flagellantes, je me levai. Le soleil embrasait la chambre et dissipait le brouillard dans lequel j’étais plongée. Brouillard de plusieurs dizaines d’années.
Ce n’était qu’une nuit pluvieuse. Une nuit dénuée de suite, de coup de téléphones, de SMS, de voyages, de déclarations maladroites, d’engueulades, d’attentions, de batailles d’oreillers.
Une nuit.
Une nuit où, depuis, plus rien n’a jamais été pareil.
DDLA#1 Ce texte a été écrit dans le cadre du « Défi de l’automne » lancé par Pandora Black pour éviter la sinistrose ambiante. Celui-ci est le premier, il y a un texte à écrire toutes les deux semaines, six en tout. Les prochains thèmes sont expliqués ici. Merci à tous ceux qui y participeront (et à ceux qui nous liront!).
Merci beaucoup de ta participation ! Je suis joie 🙂
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Merci à toi pour ce joli challenge !!! 🙂
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