Et joyeux anniversaire

Hier, c’était mon anniversaire.

J’aimerai dire que je l’ai célébré avec bruit, alcool et fracas mais ce serait mentir. Copain Covid a décidé que 2020 ne serait pas l’année de la teuf, loin s’en faut. Il y a un an, je célébrais mes 28 ans au Cambodge dans un hôtel 5 étoiles avec une de mes plus proches amies. Cette année, j’étais confinée, seule, dans un studio de vingt mètres carrés et last but not least, covidée.

J’imagine que certaines personnes se sont amusées avec les aiguilles et une petite poupée à mon effigie cette année. A toi, l’ex qui lis ces lignes, il est temps de passer à autre chose. Au lieu de prier religieusement pour qu’il m’arrive une tuile, consacre donc ton énergie à quelque chose d’utile comme la faim dans le monde, le cancer, les guerres… Je ne mérite pas toute ta puissance destructrice. En plus, cela me donne juste des idées de sketch, tu ne fais que stimuler ma créativité (et j’ai une mauvaise nouvelle, cela risque de ne pas te plaire car je deviens de plus en plus acide ET grinçante).

Covidée donc. Un savant mélange entre la grippe et le rhume qui m’a poursuivi quatre jours.
Tout n’est pas perdu car des symptômes, je n’ai gardé que la fièvre, les courbatures et la fatigue. Le goût et l’odorat n’ont pas décidé de se carapater aux Maldives ce qui m’a permis de savourer un gâteau au chocolat Picard sans me dire que m’enfiler des brocolis reviendrait à la même chose. Des choux de Bruxelles d’anniversaire vu que de toute manière, tout a le même goût que le plat du vendredi à la cantine enfant.

Si l’on m’avait prédit cela, il y a un jour pour jour, j’aurai bien rigolé. Une pandémie mondiale m’empêchant de faire la fête comme il se doit… A deux semaines de la date fatidique, je ne voulais même plus une fête à plus de 60 individus. Je me serai contentée d’un goûter d’anniversaire. Hop, hop, on met nos plus beaux chapeaux pointus, cotillons et qu’on sabre le Champomy de 15h à 20h30 ! Bah non. Je n’ai même pas eu le droit à un goûter d’anniversaire. Le pire dans toute cette histoire, c’est que je n’aurai jamais pensé un jour écrire cette phrase et ressentir une cruelle déception.

Le COVID est juste une sombre machination des personnes nées en juillet et en août pour que l’on comprenne à quel point fêter son anniversaire en été craint. Tout le monde est parti en vacances, on fuit la canicule, le rosé car l’on sait à quel point on va ramasser nos foies le lendemain.
C’est bon, on a compris les copains, remballez donc votre virus.

Mais bon, hier fut aussi la consécration de 2020 : l’Amérique a mis à la porte un vieillard adepte du fond de teint, du brushing ondulé et doté du QI d’une huître sous acide (pardon les huîtres. Mon dégoût à votre égard, car vous m’évoquez désagréablement la consistance de la morve et du sperme mélangé, ne mérite pas cette comparaison peu flatteuse avec Super Moumoute). Je maintiens que le seul Donald que j’apprécie reste le neveu de Picsou, diablement émouvant à n’avoir que des tuiles dans sa vie et à porter une marinière. Ce chamboulement présidentiel était un cadeau inespéré pour mes 29 ans (je prends aussi le vaccin contre le covid, ce n’est pas grave si cela arrive avec quelques jours de retard).

Mon anniversaire, donc.
Il ne s’agit pas d’un jour que j’affectionne particulièrement, même lorsque j’étais encore enfant. A mes 18 ans, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, prostrée dans mon lit, me sentant terriblement vieille et inadaptée.

Depuis, chaque année qui s’écoule, je ne vois cette date que comme une raison supplémentaire de m’enivrer plus qu’à l’ordinaire, entourée des miens. A danser sur les tables à trois grammes en hurlant « égaré dans la vallée infernaaale ». A écraser contre mon coeur les gens que j’aime et qui me supportent depuis un certain temps. A faire la fortune chaque lendemain de Doliprane, San Pelegrino et Barilla.
J’essaye de voir mon anniversaire comme la preuve de l’amour que l’on me porte et non plus comme une tcheck list désagréable de ce que je n’ai toujours pas accompli. Certaines années, l’exercice est plus difficile que d’autres.
Car, si l’on peut être conciliant.e et bienveillant.e avec soi-même, certaines personnes de notre entourage ne manqueront pas de nous rappeler à quel point nous sommes désormais adultes et potentiellement éloigné.e.s des points étapes inévitables d’une « vie réussie ».

J’étais de bonne humeur samedi, en me réveillant. Et ceux et celles qui me connaissent savent que ce n’est pas chose aisée (mon caractère reste un savant mélange T-Rex feat Wolverine jusqu’à 10 heures. Ou plus, si insomnie il y a eu).

J’ai donc eu 29 ans. J’osais penser, naïve, que la place du féminisme, de l’évolution des moeurs, du monde du travail allait m’épargner des remarques désobligeantes.
2020, l’année de tous les miracles… Bah voyons.

J’aimerai qu’on me foute la paix sur l’année 2021 et ce qu’elle présage type « oh oh c’est la dernière année avec le chiffre 2 ». Je sais compter. Merci. Ca surprend pour une littéraire mais le calcul n’est pas le plus complexe, promis.
J’aimerai qu’on cesse de me parler de CDI comme si c’était la clef. Je me suis mise en freelance pour fuir un quotidien détestable où je perdais ma liberté et mon âme à chaque son de mon réveil du lundi au vendredi.
J’aimerai qu’on arrête avec « l’horloge biologique, elle tourne ». Ce qui risque de tourner, c’est mon poing dans vos bouches.
J’aimerai être considérée célibataire ou en couple, de la même manière. Ma valeur ne diminue pas si je n’ai pas un.e partenaire aux dents blanches me réveillant toutes les nuits par ses ronflements… Sans qu’on me chuchote « promis, ça viendra ». Ca viendra si Covid le veut, hein.
J’aimerai que les remarques sur mon style vestimentaire soient jetées aux orties. « Ouh tu es bientôt une adulte, tu pourrais mettre autre chose qu’un jean troué aux genoux ? » Petit rappel : je fonctionne très bien à la provocation. Je risque donc d’arborer des crop tops Friends et des jupes courtissimes pour les huit prochains mois, même sous vent polaire.
J’aimerai que les bougies, plaids et crème anti-rides soient proscrites des listes de présent. A ce niveau là, ces cadeaux relèvent de la cruauté.

Mais j’exagère comme toujours. Hier fut une fois de plus la confirmation que je sus bien entourée, qu’une pandémie ne musellera jamais mes amis et leur belle douceur à mon égard.
Mon coeur vibre de gratitude à chaque fois que je pense à vous : je ne pourrais jamais vous remercier et vous aimer à la hauteur de ce que vous méritez.
Partez du principe que 2020 est une année blanche avant la fête démentielle qui nous attend l’an prochain. Du repos pour votre foie.

Il me reste 364 jours pour devenir un peu plus celle que je souhaite être, celle que je suis censée devenir. On se revoit pour l’heure du bilan, sur ces 30 premières années d’existence. Et j’ai confiance. Ce n’est que le début.

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